— Pas mal, pas mal, dit-il doucement, on ne peut mieux faire avec si peu de ressources, et il n’y aura qu’à déranger les cierges pour les mettre à leur place, le long de mon lit.
— Monsieur le colonel n’en est pas là, Dieu merci ! voulut dire le principal valet.
— Ah ! ah ! mon pauvre Bernard, lui répondit son maître, je suis bien bas, bien bas, mais tu n’as pas besoin de me consoler, va ! j’ai passé ma vie tout entière, une longue vie, mon garçon, à faire ce qu’il faut pour ne pas craindre la mort.
Les domestiques s’étaient arrêtés dans une attitude respectueuse.
— Allez, mes enfants, reprit le colonel, vous savez le nom de ceux que vous devez laisser monter. Si quelques-uns d’entre eux sont déjà au salon en bas, dites-leur que je les attends.
Les valets sortirent.
Un sourire égrillard vint se jouer autour des lèvres blêmes du malade.
— Marchef ! appela-t-il tout bas.
La porte de la comtesse s’entr’ouvrit et la sinistre figure de Coyatier se montra, éclairée par les cierges.
— Comment trouves-tu cela ? demanda le colonel.
Le bandit ne répondit point. Il y avait sur ses traits une sorte d’effroi et il détournait les yeux pour ne pas voir le crucifix qui lui faisait face.
— Nos chers bons amis tardent bien, dit encore le colonel.
— Ils sont en bas, devant la porte cochère, répliqua cette fois Coyatier ; ils attendent et ils causent… N’avez-vous rien autre chose à me dire, maître ?
— Rien, mon fils, sinon que je voudrais