Page:Féval - Maman Léo, 1869.djvu/89

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innocents ne savent pas se défendre, quand le hasard les accuse ; je ne veux pas qu’il se déshonore en fuyant une seconde fois comme un coupable.

— Tout ça est bel et bon… commença la dompteuse.

— Attendez, interrompit M. Constant. Vous, vous êtes une personne de bon sens qui savez ce que parler veut dire, mais elle ne possède l’expérience de rien, la pauvre enfant, et en outre elle a son coup de marteau, un fameux !

— Ne peuvent-ils agir sans elle ?

— Attendez ; voici quelque chose qui va vous étonner plus que tout le reste ; ils sont en correspondance…

— Qui donc ? balbutia la veuve stupéfaite.

— Les deux tourtereaux.

— Maurice et Valentine ! Lui, du fond de sa prison ; elle, entourée comme vous me la montrez, malade, privée de raison !…

— Est-ce assez drôle ? demanda M. Constant d’un air bonhomme. Comment ça se fait, moi, vous comprenez, je n’en sais rien, mais c’est comme ça, et nous le tenons d’elle-même.

— Il faut donc qu’il y ait dans l’établissement du docteur Samuel des employés qui…

— Sans doute, sans doute, bonne dame, ce ne sont pas des pigeons voyageurs qui portent leurs messages ; mais leurs messages vont et viennent, et notre chère malade a formellement déclaré ceci : « À nous deux, nous n’avons qu’un cœur. Tant que je ne voudrai pas, Maurice ne voudra pas. »

Du revers de sa main, Mme Samayoux es-