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de l’adoption du français

le donc hautement, l’évolution de la langue française mène celle-ci à la régularité et à la simplicité. Elle porte en elle, comme les êtres vivants, une masse d’éléments atrophiés, morts, éléments dont elle saura sans aucun doute se débarrasser. Cette tendance à la régularité se manifeste certes également dans l’évolution des autres langues et surtout des langues romanes du sud de l’Europe, mais le français se distingue particulièrement dans cette voie. Le graphisme même évolue en français de façon à supprimes les erreurs étymologiques et à faciliter la prononciation.

5. Chances des langues artificielles

La tendance légitime des nationalités vers leur indépendance linguistique a fait croire à l’impossibilité de l’adoption, presque réalisée cependant dans le passé, du français comme seconde langue et les esprits désireux d’aboutir se tournèrent vers les langues artificielles.

Nous avons tous entendu parler du volapuk et plus récemment de l’espéranto, qu’un récent congrès vient encore de rappeler à nos souvenirs. Les volapukistes et les espérantistes ont montré et montrent encore une telle confiance en la bonté de leur cause qu’il est impossible de ne pas examiner leurs revendications.

Les langues artificielles évoluent aussi. — Depuis plus de deux siècles, de nombreuses tentatives ont eu pour objet la création d’une langue artificielle. On peut considérer le père Herman Hugo ou Hugon, né à Bruxelles en 1588, comme le premier savant qui se soit occupé sérieusement de la question. Des esprits remarquables tels que Descartes, Leibnitz, Voltaire, Condillac, Condorcet, etc., ont préconisé l’emploi d’une langue neuve, mais l’examen approfondi des nombreux projets proposés ne pourrait se faire ici. Nous renvoyons donc le lecteur à l’ouvrage très documenté que MM. Couturat et Leau ont fait paraître sur la matière (Histoire de la langue universelle. Paris, 1903), ouvrage auquel nous avons fait de nombreux emprunts. Contentons-nous de signaler que l’étude des divers projets de langues artificielles donne l’impression d’une véritable évolution dans les idées qui ont présidé à leur création. Certains de ces systèmes sont devenus surannés sans avoir jamais été adoptés ; d’autres, tout aussi inutilisés, forment une transition entre les précédents et les projets modernes.

Les langues artificielles philosophiques. — Les plus anciens de ces