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Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/173

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IV

rhode-island.


Tout remuait ; on sentait passer un souffle de rénovation sociale.

M. Dorr, citoyen de Rhode-Island, homme bien intentionné sans doute, large et progressiste à sa façon, proposa de remplacer par une constitution mieux adaptée aux aspirations des esprits, la vieille charte sous laquelle, depuis la Révolution, vivait l’État. Deux partis : les arrières, les avancés, formaient deux camps opposés. M. Dorr, voulant plaire aux uns et aux autres, tira une moyenne entre la droite et la gauche, et comme tous les moyenneurs, déplut à chacun. À la gauche, il montrait une extension de priviléges ; à la droite, il assurait le maintien des lois oppressives, jadis promulguées contre les noirs.

Abolitionnistes, nous aussi nous voulions une constitution nouvelle, mais nous la voulions conforme aux principes d’équité. Le projet nous indigna. Une phalange — elle comptait l’élite du pays — se forma, décidée, le moment venu, à enseigner aux citoyens de Rhode-Island un plus pur Évangile des droits humains.