Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/180

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Associé à l’élite des orateurs, tous maîtres du sujet, quelques-uns doués d’une rare éloquence ; heureux de cette bonne fortune qui me mettait, moi, naguère l’esclave de Covey, Thomas Auld et compagnie, en contact journalier avec des hommes tels que Bradburn, White, Remond, Howard Gay — j’ai déjà nommé Collins et Monroe — j’entrai en guerre avec tout mon cœur et tout mon espoir.

Nous commençâmes par Middlebury, l’Athènes du Vermont. Opposition violente. Un homme seul, M. Ed. Barber, tenait pour nous.

Nous n’étions pas arrivés, que les étudiants couvraient les murs de placards injurieux. But, caractères, intentions, tout y faisait l’objet de leurs calomnies ; et pour n’en donner qu’un échantillon, MM. les étudiants me transformaient en un convict, frais échappé des galères !… le reste à l’avenant.

Notre conférence attira peu d’auditeurs. Reçus plus favorablement dans d’autres villes de l’État — moins mal serait mieux dit — l’État lui-même resta profondément hostile. Ce fait, dont s’enflait son orgueil : que pas un esclave fugitif n’avait été, chez lui, restitué au maître, ne diminuait en rien la haine qu’il portait soit à l’abolition, soit à ses chevaliers.

Même accueil, plus décourageant encore, dans l’État de New-York. Syracuse, la cité que tant de nobles esprits, tant de grands exemples devaient illustrer plus tard, nous refusa salles, temples, halles : j’allais dire le vivre et le couvert. D’aucuns parmi nous, proposaient de lui tourner le dos, en secouant contre elle la pous-