Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/207

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aux maîtres desdits, trois esclaves évadés, dont je cachais l’un, tandis que les autres s’abritaient ailleurs !

Mes émissaires se lancèrent au galop, enlevèrent les jeunes gens, et le mandat n’était pas en route, que tous trois glissaient sur les libres vagues de l’Ontario, vers les libres bords du Canada.


Devenu plus délicat, dans la tiède atmosphère des bienveillances anglaises, mon épidémie sentait plus vivement l’âpreté des autans qui m’accueillaient en mon pays.

Un pensionnat, destiné à l’éducation des jeunes personnes, venait de s’ouvrir — Alexandra street — sous la direction de miss Tracy. Tenant à ce que ma fille fût élevée comme les filles des autres hommes, je m’entendis avec miss Tracy. Elle accepta mon enfant ; tout fut réglé ; et tout allait bien, pensais-je, lorsque, cinq semaines écoulées, l’enfant, qui vient nous voir, nous apprend que, mise au régime de la séquestration, il ne lui est permis, ni d’entrer dans le salon où se tiennent les autres pensionnaires, ni de s’aventurer dans le jardin quand elles y jouent, ni d’être vue ou entendue de pas une d’entre elles !

Mon cœur d’homme et de père, bondit en moi. Je courus chez miss Tracy.

— Est-ce vrai ? demandai-je, après avoir exposé les faits.

— Exact ! me répondit-elle d’un ton glacial : — Agir d’une manière différente, ce serait compromettre mon institution.