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Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/214

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ciel, le tonnerre l’ébranla. Plus d’une manifestation s’était produite : ainsi, les sept mille votes donnés à James G. Birney, pour avoir noblement émancipé ses esclaves, et consacré ses forces au service de l’abolition. Mais les vieux partis libéraux, même les meilleurs, étaient usés ; leur prestige — sort commun à tous les pionniers — avait disparu ; ceux-là portaient les tristes marques, blessures et cicatrices, des combats d’avant-garde ; se sentant vigoureux encore et chefs, ils trouvaient dur de quitter la tête de colonne, pour rentrer dans les rangs ; cette nouveauté d’une convention générale, ne leur plaisait pas ; ils y résistaient, et cependant, la montagne ne pouvant venir à Mahomet, ce fut Mahomet qui vint à la montagne. Plus tard, la montagne à son tour avança, poussée par l’irrésistible force du principe. Cette œuvre, que la Free Soil Convention avait condensée, avait élargie, le grand Parti Républicain la saisit, et l’acheva.


Nous étions en force à Buffalo, nous, hommes de couleur. S. R. Ward, H. Garnet, Ch. L. Remond, H. Bibb, parlèrent de façon à remuer jusque dans les profondeurs de l’âme, les milliers qui nous écoutaient.

Ces triomphes, en présence des plus forts orateurs de la race caucassienne, me rendaient ma cause et plus chère et plus belle. On pouvait voir ce que nous pouvions faire. Ward, en particulier, qui nous distançait de toute la largeur de sa pensée, de toute l’élévation de sa parole, noir de jais, sans une goutte de sang mêlé, fils de l’Afrique et du soleil, éblouissait ce peuple