Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/227

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autorités, va dans le Missouri même, délivrer douze esclaves et les transporte en Canada !


La perte du Kansas, n’abattit ni le Sud ni ses outrecuidances.

Les défaites, on l’a vu, excitaient ses témérités. Vaincu dans l’affaire des territoires, le Sud se rejeta sur la Constitution, prétendant y trouver la légitimation de l’esclavage et son triomphe.

Sur ce champ de bataille comme sur l’autre, l’attendait son éternel ennemi : la liberté.

Le pays entier prenait part à la lutte ; les liens entre le Nord et le Sud se détendaient ; l’orage allait grondant plus près, plus fort ; M. H. Seward s’efforçait en vain de calmer les esprits. Alors, pour la seconde fois, John Brown descendit dans l’arène.

La nuit du 16 octobre 1859, on vit paraître, au confluent du Potomac et de la Shenandoah, dix-neuf hommes : quatorze blancs, dix noirs. Armés eux-mêmes, ils portaient en outre un chargement de fusils, revolvers et coutelas, destinés aux recrues qu’ils feraient en route. Ces hommes entrèrent dans la ville d’Harper Ferry (Virginie), s’emparèrent de l’arsenal, de la manufacture de fusils, arrêtèrent les principaux citoyens, adjoignirent une cinquantaine d’esclaves, tuèrent trois individus, proclamèrent l’émancipation, occupèrent la place et furent capturés par un corps de troupe, sous les ordres du colonel Lee[1].

  1. Depuis, le fameux général des armées du sud.