Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/242

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Alors, éclata le mauvais vouloir de Buchanan, double de son cabinet. Trésor à sec, régiments disloqués, vaisseaux hors de portée, arsenaux vides, la sécession entraînant tout à son aise État après État ; tels furent les faits, honteux, par lesquels se marqua le pouvoir expirant d’un homme qui avait juré de soutenir, défendre et maintenir le gouvernement fédéral.


Hélas ! après l’action la réaction, après l’élan le recul, après la victoire l’affaissement.

Lincoln nommé, le Nord, on l’eût dit, s’épouvantait de son triomphe. Il semblait n’avoir plus qu’un souci : plaire au Sud, l’amadouer, le convaincre que la nomination de Lincoln n’était pas ce dont elle avait l’air ; qu’elle ne sous- entendait rien de contraire à l’esclavage, rien de préjudiciable aux intérêts des propriétaires de bétail noir ; que le Nord reconnaissait, que le Nord respectait le droit des maîtres à poursuivre leurs esclaves fugitifs, même au sein d’un État libre ; que le droit d’introduire l’esclavage en des territoires nouveaux, pouvait être requis par le Sud, accordé par la suprême cour !

De novembre à mars, rien n’arrêta le flux montant, la houle écœurante des concessions imaginées, des compromis proposés ! — C’était à qui inventerait le plus abject[1].

Dans Washington même, des hommes tels que

  1. La canaillocratie en profitait pour faire à sa guise : du Massachussets au Missouri, elle attaquait les meetings émancipateurs.