Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Parlez, agissez, recrutez ! — m’écrivait le Major Stearn. Mais la négligence — j’écarte un mot plus fort — du gouvernement, à exécuter les promesses faites en son nom, aux hommes de ma race ; l’altitude indifférente de Lincoln et de son conseil, en face des traitements sauvages, infligés par le Sud aux prisonniers noirs ; la tristesse, l’abattement, le courroux, tout se réunissait pour me commander l’abstention.

— Je continue à croire aux bras des noirs ! répondis-je : Mon espoir en l’intégrité des chefs de la nation, n’est pas entièrement éteint. Toutefois, c’est de plaintes à formuler, c’est de torts à redresser qu’il s’agit, non d’enrôlements à provoquer. Dans cette affaire, les noirs ont tout donné, le Nord a tout reçu, et n’a rien tenu. Pas un mot aux généraux rebelles, pour les avertir que le sang payerait le sang ; que l’assassinat d’un soldat noir serait, tout comme le meurtre d’un soldat blanc, suivi de représailles. Pas un mot, quand les nègres libres du Massachussets, ont été pris et vendus

    Militaire dans un régiment noir, déclare qu’il a trouvé chez ses soldats noirs une énergie, une impétuosité, dont jamais il n’a rencontré d’exemple, sauf peut-être chez les zouaves français. « La charge de Port Hudson ; les batailles de Milliken Bend, Neumarket Heigts, Olustee, Poison Springs ; la seconde attaque de Petersbourg, virent les régiments noirs accomplir des actes héroïques. À l’affaire de Honey Hill (Caroline du Sud), les bataillons nègres, qui occupaient une des positions les plus dangereuses, méritèrent, par leur inébranlable attitude l’admiration, même des hommes du Sud. Ces bataillons, le fait est rapporté par un récit sudiste, chargèrent à trois reprises en vrais enragés, se reformant chaque fois sous les balles, et laissant derrière eux les morts par monceaux. » Les Américains chez eux, pages 259, 260. Bonhoure, 1880, Plon et Cie, 1882).