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Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/256

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Trois jours et trois nuits (juillet) la canaillocratie, en plein New-York, pendit les nègres sous prétexte qu’ils étaient noirs, assassina les femmes de couleur, écrasa leurs enfants contre les poteaux des réverbères, incendia l’asile de nos orphelins ; pilla, tua, saccagea, et ne cessa, que faute de victimes ou de butin. Or, tandis qu’elle se livrait à ces saturnales, Seymour, gouverneur de l’État, prenant sa voix la plus douce, appelait les brigands : Mes amis, les conjurait de se calmer, leur promettait son intervention à Washington, pour arrêter les enrôlements des noirs !

Ma confiance — rien ne l’avait ébranlée — s’affermit lorsque, remplaçant Mac-Clellan au Potomac, Grant fut nommé généralissime des armées fédérales.

Inébranlable sur le champ de bataille ; d’une hardiesse dans les conceptions, que seule égalait sa persévérance à les accomplir ; sans préjugés, sans étroitesse ; caractère de héros ; Grant avait le premier, de concert avec Lincoln, provoqué la création des régiments noirs. Le premier, il avait prescrit à ses troupes, respect envers tout soldat de couleur.

Il avançait sur Richmond, exécutant sa prodigieuse marche de la Wilderness ; résolu d’y arriver à travers feu, fer et désert, quand M. Lincoln me fit l’honneur de m’appeler.

Le Nord était fatigué de la guerre ; de toutes parts on en demandait la fin ; chaque insuccès accroissait l’impatience ; le cri : Paix sans émancipation ! retentissait çà et là.

— La proclamation, me dit tristement Lincoln, n’a