Page:F.Douglass, Mes années d'esclavage et de liberté, 1883.djvu/287

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Freedmen’s Savings avait cessé d’être ce fidèle gardien de leurs économies, qu’espéraient les noirs ; j’arrêtai les dépôts, je coupai les vivres aux employés, je ne touchai plus un sou de mes émoluments, et, me rendant au comité gouvernemental des finances, je déclarai à deux de ses membres, MM. J. Sherman et Scott, tous deux sénateurs, que la Freedmen’s Bank, insolvable, n’avait qu’un parti à prendre : se fermer.

Enquête, contre-enquête, orage partout !… suivi de clôture, avec quarante pour cent de perte pour les créanciers.


La Banque se mourait, lorsqu’on m’avait appelé à la rescousse ; mon activité, pensait-on, la galvaniserait. Salons, dorures, clercs délurés, caissiers aimables, tout s’y trouvait, sauf la vie, c’est-à-dire l’argent. On m’avait marié à un cadavre.

Pas un prêt hasardeux ne fut risqué, pas une sécurité véreuse ne fut acceptée, durant ma courte administration.

Ce qui n’empêcha pas la calomnie d’aboyer. Mordre, je l’en défiais.

Nul, j’ose le déclarer ici, ne saurait m’accuser de lui avoir, en cette affaire ou en d’autres, soutiré un liard.


Quoi qu’il en soit, je répète avec l’ami Zachée : « Si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends quatre fois autant. »