Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/100

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trouva dans la religion une sanction et un appui à sa cruauté comme propriétaire d’esclaves. Il affichait les plus grandes prétentions à la piété. Sa maison était une maison de prières. Il priait au matin, à midi et au soir. Il se distingua bientôt parmi ses compagnons qui l’élevèrent au rang de chef de classe et de moniteur. Il déploya une activité extrême dans ce qu’on appelle aux États-Unis les « Revivals » (sortes d’assemblées pour ranimer le zèle religieux) et se montra un instrument efficace entre les mains de l’église pour la conversion de plusieurs âmes. Sa maison était la maison adoptive des prédicateurs. Ils prenaient beaucoup de plaisir à y descendre, car quoiqu’il nous fît presque mourir de faim, il leur donnait en abondance de quoi se régaler. Il nous est arrivé d’y avoir trois ou quatre prédicateurs à la fois. Ceux qui y venaient le plus souvent pendant mon séjour, se nommaient M. Stocks, M. Ewery, M. Humphrey et M. Hickey. J’y ai aussi vu M. Georges Cookman. Nous autres esclaves, nous aimions ce M. Cookman. Il nous semblait être un brave homme. Nous étions persuadés qu’il avait employé son influence à engager M. Samuel Harrisson, propriétaire fort riche, à émanciper ses esclaves, et d’une manière quelconque, nous nous étions mis en tête qu’il travaillait à accomplir