Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/156

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nous répéta : « Il faut ne rien avouer ; il faut ne rien avouer ! » Notre confiance les uns dans les autres n’était pas encore ébranlée. Nous étions aussi résolus de rester unis, et d’agir de concert, après notre malheur qu’auparavant. Nous étions alors préparés à tout. On allait ce matin-là nous traîner à cinq lieues de distance à la queue des chevaux, et puis nous jeter dans la prison d’Easton. En arrivant à Saint-Michel, on nous fit subir une espèce d’interrogatoire. Nous niâmes tous, même l’intention de nous sauver, plutôt pour faire produire les preuves qu’on pouvait avoir contre nous, que dans l’espérance d’échapper à être vendus ; car, comme je l’ai déjà dit, nous y étions préparés. Le fait est que nous étions indifférents par rapport à l’endroit où l’on se proposait de nous mener, pourvu que nous y allassions ensemble. Ce qui nous inquiétait le plus, c’était l’idée d’une séparation. Nous la craignions plus que tout autre mauvais traitement en deçà de la tombe. Nous apprîmes enfin que les preuves contre nous se bornaient au témoignage d’une seule personne ; notre maître ne voulut pas nous dire son nom, mais nous arrivâmes à une décision unanime sur la question de savoir qui était notre dénonciateur. On nous envoya à Easton. À notre arrivée, on nous remit