Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien longtemps avant que je la connusse comme étant ma mère. Il est fort commun dans la partie de Maryland d’où je me suis échappé, d’enlever les enfants à leurs mères à un âge très-tendre. Souvent, avant que l’enfant soit arrivé à l’âge de douze mois, on loue la mère pour aller travailler à quelque ferme à une distance considérable, et on place l’enfant sous les soins d’une vieille femme, qui est trop âgée pour être employée dans les champs. Je ne sais à quoi sert cette séparation, si ce n’est pour empêcher le développement de l’affection de l’enfant envers sa mère, et pour émousser et détruire l’affection naturelle de la mère envers son enfant. Tel est le résultat inévitable de cette séparation.

Je n’ai pas vu ma mère, après avoir su qu’elle l’était, plus de quatre ou cinq fois dans ma vie, et encore ces entrevues-là furent-elles de courte durée, et dans la nuit. Elle avait été louée par un M. Stewart, qui demeurait à environ douze milles de l’habitation où je me trouvais. Elle fit son voyage pour me voir dans la nuit, à pied, après avoir fini son travail de jour. Elle était occupée à la culture des champs, or, le fouet punit ceux qui ne sont pas à leur travail au lever du soleil, à moins que le maître ne donne une permission spéciale, — permission qu’ils n’obtiennent que rarement, et qui