Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/52

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signe d’impudence et le punir comme tel. Un esclave ne devait ni lui répondre, ni s’expliquer s’il avait été accusé sans raison. M. Gore poussait au dernier point la maxime des propriétaires : « Il vaut mieux voir une douzaine d’esclaves recevoir des coups de fouet mal à propos, que de voir un inspecteur convaincu en leur présence d’avoir eu tort. » Quelque innocent que fût l’esclave, — cela ne lui servait à rien, si M. Gore l’avait accusé de mauvaise conduite. Être accusé, c’était être reconnu coupable ; être reconnu coupable, c’était être puni ; car ces trois choses se suivaient l’une l’autre avec une certitude invariable. Pour échapper à la punition, il fallait échapper à l’accusation ; bien peu d’esclaves avaient la bonne fortune d’échapper à l’une ou à l’autre sous le règne de M. Gore. Il était assez orgueilleux pour exiger de l’esclave l’hommage le plus dégradant, et assez servile pour ramper aux pieds de son maître. Il était assez ambitieux pour ne vouloir se contenter que du rang le plus élevé parmi les inspecteurs, et assez persévérant pour atteindre le but de son ambition. Il était assez cruel pour infliger la punition la plus sévère, assez rusé pour descendre aux inventions les plus viles, et assez endurci pour être insensible à la voix et aux reproches de sa conscience. De tous les inspec-