Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/55

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lonel Lloyd et mon ancien maître lui demandèrent pourquoi il avait eu recours à ce moyen extrême. Il leur répondit (autant que je puis me rappeler), que Demby était devenu indisciplinable. C’était un exemple dangereux pour les autres esclaves, — il n’aurait pu le laisser passer sans un pareil acte de rigueur de sa part ; autrement il aurait couru le risque de voir l’anéantissement total de la discipline et du bon ordre dans la plantation. Il donna pour raison que si un esclave refusait de se soumettre à une punition et avait la vie sauve, les autres esclaves suivraient bientôt son exemple, ce qui aurait pour résultat l’affranchissement des esclaves et l’asservissement des blancs. La défense de M. Gore fut approuvée. Il conserva sa place d’inspecteur dans la plantation. Sa réputation comme surveillant se répandit au loin. Son crime horrible ne fut pas même soumis à une enquête judiciaire ! Il l’avait commis en présence des esclaves, et ils ne pouvaient naturellement introduire aucune poursuite légale, ni servir de témoins contre lui. C’est ainsi qu’un homme coupable du meurtre le plus barbare et le plus exécrable, échappe aux rigueurs de la justice et aux censures de la société au sein de laquelle il vit. M. Gore habitait Saint-Michel, comté de Salbot-Maryland, lorsque j’y étais ;