Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/76

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dès lors à mettre en pratique les préceptes de son mari. Elle finit par devenir plus violente dans son opposition que son mari lui-même. Elle ne se contentait pas de faire ce qu’il lui avait ordonné de faire ; elle paraissait désirer d’aller plus loin. Elle n’était jamais si irritée que lorsqu’elle me voyait avec un papier public. Elle semblait croire que c’était-là qu’était le danger. Je l’ai vue s’élancer vers moi, d’un air de fureur pour m’arracher un journal, d’une manière qui faisait voir toute l’étendue de ses craintes. C’était une femme pleine de sagacité. Il ne fallut qu’un peu d’expérience pour lui démontrer pleinement que l’éducation et l’esclavage sont incompatibles.

Depuis cette époque-là, je me vis surveillé de près. Si j’avais été seul dans un appartement pendant quelque temps, on ne manquait pas de me soupçonner d’avoir un livre, et on m’appelait sur-le-champ pour rendre compte de ce que j’avais fait. Cependant toutes ces précautions venaient trop tard ; j’avais fait le premier pas ; ma maîtresse, en m’enseignant l’alphabet, m’avait mis sur la voie ; désormais nul obstacle ne pouvait m’empêcher d’aller en avant.

Le plan que j’adoptai, et qui me réussit le mieux, fut de me faire des amis de tous les petits garçons