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Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/95

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CHAPITRE IX.


Je suis maintenant arrivé à une époque de ma vie, à partir de laquelle je puis donner des dates. En 1832, je quittai Baltimore, pour aller demeurer à Saint-Michel, chez le capitaine Thomas Auld. Il s’était alors écoulé plus de sept ans depuis que j’avais été dans la famille de mon ancien maître sur la plantation du colonel Lloyd. Nous étions donc presque étrangers l’un pour l’autre. Il était pour moi un nouveau maître, comme j’étais pour lui un nouvel esclave. J’ignorais son caractère et son humeur : il ignorait aussi les miens. Il ne nous fallut que très-peu de temps pour nous connaître parfaitement l’un et l’autre. J’appris à connaître sa femme, non moins que lui-même. Ils étaient bien assortis, car ils avaient tous deux une égale portion de lésinerie et de cruauté. Alors, pour la première fois, j’eus à endurer les tourments de la faim, qui se prolongèrent pendant sept ans. C’était un genre de souffrances que je n’avais pas éprouvées depuis mon