Page:FR-631136102 MS 2810 Gilberte Périer - Vie de Blaise Pascal et lettres.pdf/66

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avis, et aux éclairciſsemens quʼil leur a donnez quʼils sont redevables de tout le bien quʼils font.

Ces conversations auxquelles il se trouvoit souvent engagé, quoyqu’elles fussent toutes de charité, ne laissoient pas de luy donner quelque crainte quʼil ne s’y trouvast du peril : mais comme il ne croyoit pas aussi pouvoir en conscience refuser le secours que ces personnes luy demandoient, il avoit trouvé un remede à cela. Il prenoit en ces occasions une ceinture de fer pleine de pointes, et il la mettoit à nud sur sa chair, et lorsqu’il luy venoit quelque pensée de vanité, ou quʼil prenoit quelque plaisir au lieu où il estoit, ou autre chose semblable, il se donnoit des coups de coude pour redoubler la violence des piqures, et se faisoit ainsy souvenir luy mesme de son devoir : Et cette prattique luy a paru si utile, qu’il la conservée jusqu’à la mort, et mesme dans les derniers temps de sa vie, où il estoit dans des douleurs continüelles, parce que ne pouvant écrire ni lire, il estoit contraint de demeurer sans rien faire, et de s’aller quelque fois promener, et il estoit dans une continuelle crainte que ce manque d’occupation