Page:FR-631136102 MS 2810 Gilberte Périer - Vie de Blaise Pascal et lettres.pdf/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
41

attachement pour ceux quʼil aimoit : Car s’il eust esté capable d’en avoir, c’eust esté sans doute pour ma sœur, parce qu’asseurement c’estoit la personne du monde quʼil aimoit le plus.

Mais il nʼen demeuroit pas là, car non seulement il n’avoit point d’attachement pour les autres, mais il ne vouloit point du tout que les autres en eussent pour luy. Je ne parle pas de ces attachemens criminels et dangereux ; car cela est grossier, et tout le monde le voit bien ; mais je parle des amitiés les plus innocentes, et c’estoit une des choses sur lesquelles il s’observoit le plus regulierement, afin de n’y donner point de sujet : Et mesme pour lʼempescher, et comme je ne sçavois pas cela, J’estois toute surpriſe des rebuts quʼil me faisoit quelque fois, et je le disois à ma Sœur, me plaignant a elle que mon frere ne m’aimoit point, et quʼil sembloit que je luy faisois de la peine, lors mesme que je luy rendois mes services les plus affectionnez dans ses infirmitez. Ma sœur me disoit sur cela que je me trompois ; quʼelle sçavoit bien aucontraire qu’il avoit une affection pour moy aussi grande que je