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ces attachemens, on occupoit un cœur, qui ne debuant estre qu’à Dieu, c’estoit luy faire un larcin de la chose du monde qui luy est la plus precieuſe.

Nous ayons bien veu ensuitte que ce principe estoit bien avant dans son cœur ; car pour l’avoir toujours present, il l’avoit écrit deſa main sur un petit papier separé, ou il y a ces mots : Il est injuste qu’on s’attache, quoy qu’on le fasse avec plaisir et volontairement. Je tromperay ceux à qui j’en feray naistre le desir ; car je ne suis la fin de personne, et n’ay de quoy les satisfaire. Ne suis je pas prest à mourir ? et ainsy l’object de leur attachement mourra donc. Comme je serois coupable de faire croire une fausseté, quoyque je la persuadasse doucement, et qu’on la crust avec plaisir, et qu’en cela on me fist plaisir : Demeſme je suis coupable, si je me fait aimer, et si j’attire les gens à s’attacher à moy. Je dois avertir ceux qui seroient prests à consentir au mensonge, qu’ils ne le doivent pas croire, quelque avantage qu’il m’en revinst ; et demesme qu’ils ne doivent pas s’at- tacher à moy, Car il faut qu’ils passent leur vie