Page:FR-631136102 MS 2810 Gilberte Périer - Vie de Blaise Pascal et lettres.pdf/88

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rence de ceux là aux autres, et il oublioit si absolument ce qui ne regardoit que sa perſonne, qu’on avoit peine à l’en faire souvenir, et il falloit pour celà circonstancier les choſes. Et comme on admiroit quelquefois cela, il disoit : Ne vous en étonnez pas, ce n’est pas par vertu, c’est par un oubli réel, je ne m’en souviens point du tout. Cependant il est certain qu’on voit par là que les offenses qui ne regardoient que sa perſonne, ne luy faisoient pas grande impression, puisqu’il les oublioit si facilement ; car il avoit une memoire si excellente, quʼil disoit souvent quʼil n’avoit jamais rien oublie des choses quʼil avoit voulu retenir.

Il a prattiqué cette douceur dans la souffrance des choses desobligeantes jusqu’à la fin : Car peu de temps avant sa mort ayant eſté offensé dans une partie qui luy estoit fort sensible par une perſonne qui luy avoit de grandes obligations, et ayant en mesme temps receu un ſervice de cette perſonne, il l’en remercia avec tant de complimens et de civilitez, quʼil en estoit excessif :