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et qu’elle ne trouvera son repos qu’à l’aimer. Qu’il y a loin de la connaissance de Dieu à l’aimer ! Mais à la recherche sincère Dieu répond : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé ». D’où encore cette conséquence qui ne surprend que ceux qui ignoraient la pensée religieuse du xviie siècle en particulier : « Une religion purement intellectuelle serait plus proportionnée aux habiles, mais elle ne servirait pas au peuple ».

Toutes ses méditations ont cet accent et cette direction. Le fil qui les devait relier importe moins qu’on ne l’a cru longtemps, puisque leur conclusion n’est pas douteuse. Relisons au moins l’une des plus admirables : « Tous les corps, le firmament, les étoiles, la Terre et ses royaumes ne valent pas le monde des esprits : car il connaît tout cela et soi, et les corps, rien… De tous les corps ensemble, on ne saurait en faire réussir une petite pensée ; cela est impossible et d’un autre ordre ». Prêtons encore plus d’attention à ce qui suit : « Tous les corps ensemble et tous les esprits ensemble et toutes leurs productions ne valent pas le moindre mouvement de charité. Cela est d’un ordre infiniment plus élevé… De tous les corps et esprits on n en saurait tirer un mouvement de vraie charité, cela est impossible et d’un autre ordre, surnaturel ». Et d’ailleurs, cette pensée dont le rayonnement s’étend à mesure que notre regard s’efforce de le suivre : « On n’entre dans la vérité que par la charité ».

Pascal a passionné trois siècles d’histoire littéraire. Le xviiie siècle le méconnaît violemment et le traite d’halluciné. Le commencement du xixe siècle en fait successivement un romantique, un sceptique et un pessimiste. C’est vers 1850 qu’une génération éprise de vérité historique s’efforce de mieux connaître la vraie figure de Pas cal, et il n’y a pas perdu. Les livres, les articles sur Pascal abondent de plus en plus. Un des cours les plus célèbres professés en Sorbonne, il y a de cela un quart de siècle, traitait de Pascal. Et ce cours se prolongea. Il semblait que ni le maître, ni les auditeurs ne pussent se lasser du sujet. Il reste un des plus actuels parmi nos grands écrivains.