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Discours prononcé par M. Alexandre Millerand, Président de la République Française, au Banquet, qui lui a été offert par la Ville de Clermont-Ferrand, le 7 juillet 1923, à l’occasion des Fêtes Commémoratives du troisième centenaire de Pascal.

La France célèbre aujourd’hui le tricentenaire d’un des plus rares génies qui honorent l’humanité.

Savant, lettré, penseur, Pascal dans toutes les matières qu’il touche, atteint, comme en se jouant, les sommets.

Toutes les doctrines ont prétendu à s’emparer de lui. Les travaux historiques qui se sont succédé depuis le milieu du siècle dernier ont donné à Pascal sa vraie physionomie d’une originalité et d’une grandeur incomparables.

Moraliste, la morale universelle a recueilli et ratifié les condamnations vengeresses portées par l’auteur des Provinciales.

Dialecticien et croyant, nul n’a avec une pareille vigueur, tour à tour exalté et humilié la raison humaine, cette raison qui ne demande pas ses inspirations seulement à l’intelligence : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »

Dans le moment que nous nous proposons de glorifier Pascal, nous entendons chanter à notre oreille cent pensées éclatantes qui, pour avoir été sans cesse répétées, n’ont rien perdu de leur force ni de leur acuité.

« Quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que celui qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. »

« S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante ; et le contredis toujours jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible. »

Et parmi tant d’éclairs ceux-ci qui illuminent avec le philosophe, l’homme d’Etat : « La justice sans la force est