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par Descartes, domine la statique tout entière. De cet ordre constant « d’après lequel le chemin dans les machines est en raison inverse de la force », Pascal déduit, en faisant abstraction du poids du liquide, la propriété fondamentale de la presse hydraulique à laquelle son nom reste attaché. Le Traité de l’équilibre des liqueurs est un ouvrage qui fait époque dans l’histoire de la mécanique ; c’est de cette base solide que partiront plus tard, après le développement des méthodes du calcul infinitésimal, Clairaut, d’Alembert et leurs successeurs, pour fonder la théorie générale des fluides. Le Traité de l’équilibre des liqueurs et celui de la Pesanteur de la masse de l’air ne sont pas moins mémorables dans l’histoire de la littérature scientifique française. Pascal, avec sa pensée merveilleusement lucide, y donne le modèle du style scientifique ; de sa phrase sobre et allant droit au but à la phrase lourde et parfois obscure de Descartes dans sa Dioptrique et dans ses Météores, le progrès est considérable. Pascal avait conscience de l’importance de l’œuvre accomplie, en coordonnant les travaux de ses prédécesseurs et les rattachant à quelques principes simples ; il pouvait écrire très justement : « Je sais un peu ce que c’est que l’ordre, et combien peu de gens l’entendent. » Mais, s’il était fier du succès de ses efforts, il savait aussi que la science est une œuvre collective, comme en témoigne cette phrase des Pensées : « Certains auteurs, parlant de leurs ouvrages, disent : mon livre, mon commentaire, mon histoire, etc. Ils sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue, et toujours un « chez moi » à la bouche. Ils feraient mieux de dire : notre livre, notre commentaire, notre histoire, etc…, vu que d’ordinaire il y a plus en cela du bien d’autrui que du leur. »

Les premiers travaux mathématiques de Pascal avaient porté sur les sections coniques. Il ne semble pas avoir approfondi l’œuvre algébrique de Viète, non plus que la géométrie analytique de Descartes. La généralité même de la méthode, préconisée par le grand philosophe, devait plutôt en détourner Pascal, soucieux de résultats précis. Son esprit, curieux des détails, préférait les beaux pro-