Page:FRAD006 G1259.pdf/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

[118] Après quoi, six heures étant sur le point de frapper, nous avons renvoyé le sieur Maurel, attendu que c’est l’heure où l’on a coutume de souper en cette ville, et nous lui avons dit de se trouver à sept heures à ladite chapelle pour nous en ouvrir la porte et être présent à la visite que nous en ferions.

Sur les sept heures, nous nous sommes rendu, avec le sieur chanoine Blanc, le sieur capiscol, le sieur Maurel, bourgeois, dans la chapelle de Saint-Pancrace, à la place de Saint-Michel. On nous a dit qu’autrefois c’était la chapelle des pénitents noirs, sous le titre de Saint-Michel. Celle de Saint-Pancrace était dans la même place, au fond, du côté du levant. Et que les pénitents noirs ayant fait bâtir une autre chapelle, on donna le nom de Saint-Pancrace et on mit le tableau de ce saint dans la chapelle d’à présent[1].

[119] Il n’y a point de pierre sacrée. L’autel est nu, sans parement, sans nappes, avec deux mauvais chandeliers de bois. Point de crucifix ni d’évangile de Saint-Jean, ni de lavabo. Le te igitur est plus qu’à demi usé. Il peut encore servir.

On voulut agrandir la chapelle, il y a dix ou douze ans. L’ouvrage est demeuré imparfait. Les murailles sont faites, mais il n’y a ni voute ni couvert sur cet agrandissement qui comprend la moitié de la chapelle. Les murailles de l’ancien bâtiment ont besoin, comme les nouvelles, d’être remaillées et blanchies en dedans. Il y a des trous qu’il faut boucher. L’ancien pavé doit être raccommodé. Il est de brique.

On y dit plusieurs messes le jour du saint. Il y a un concours de peuple[2] Le chapitre y va chanter une grand-messe, d’abord après matines. On fait courir le bassin dans la chapelle ce jour-là, et c’est tout le revenu[3]. Elle est fermée tout le reste de l’année. On y porte tout ce qui est nécessaire pour la célébration des messes le jour de la fête.

Au sortir de ladite chapelle on nous a fait voir à côté un creux rempli de chaux, pour achever ce qu’il y a à faire pour la mettre en état.

Saint-Dons

[120] De là, nous nous sommes rendu à celle de Saint-Pons, qui est sur le chemin de Saint-Paul, à trois cents pas environ de la ville. Elle est en mauvais état. Il n’y a rien sur l’autel, ni pierre sacrée ni croix, ni gradins, ni nappe, ni devant d’autel, ni chandeliers.

Les serruriers, maréchaux et muletiers ont fait faire depuis un mois un

  1. Ceci explique pourquoi la chapelle des pénitents noirs, sous le patronage de Saint-Michel, à côté de l’hôpital, ne se trouve pas dans le quartier du même nom. Il est possible que les pénitents noirs, de création récente, s’ils ont été fondés en 1610, comme il a été dit plus haut (§ 113), se soient d’abord installés dans une chapelle Saint-Michel qu’ils n’avaient pas bâtie, en attendant de construire leur propre chapelle. On a la preuve que cette chapelle de Saint-Michel existait déjà en 1563. On lit en effet, dans les délibérations du conseil de communauté de cette année-là, comment le consul Mars, "allant à sa jassine de sainct Michael en compagnie de ses pasteurs, passant au devant la chapelle de sainct Michael ouïrent ung enfant qui plurait. Et entrant dans ladite chapelle trouvèrent que c’était un enfant mâle, reposé sur l’autel, dans une garbette, qui pleurait âprement". D’après les mêmes sources, on voit qu’en 1580 la chapelle de Saint-Michel est nommée parmi celles que le conseil de ville fait fermer, à cause de la peste, pour empêcher que des étrangers atteints de contagion ne s’y réfugient.
  2. La dévotion à saint Pancrace est ancienne. En 1560, la communauté a fait la dépense de quatre bonnets qui ont été donnés "a las joyes" (aux joies) le jour de S. Pancratii. La chapelle fait l’objet d’un romérage. En 1578, les recteurs de Saint-Pancrace invoquent la grande dévotion de tout le peuple chrétien, tant de Vence que de tout le diocèse, qui vient chaque année visiter la chapelle, le jour de la fête du saint, le 12 mai, pour demander à l’évêque de déclarer ce jour férié, ce qui attirerait encore davantage de monde. Sans le savoir les Vençois d’aujourd’hui perpétuent en quelque façon le romérage lorsqu’ils assistent chaque année, au plateau S. Michel, à la messe dite "du siège", inventée dans les années 20 par la Maintenance Ligurienne.
  3. Ce sont évidemment les recteurs laïques de la confrérie qui font cette quête, dont le produit est destiné à l’entretien de la chapelle. Celle-ci n’a pas d’autre source de revenus.