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Du mercredi 15e juillet

Nous avons employé la matinée aux affaires du diocèse et nous nous sommes encore entretenu avec le provincial des pères de la Doctrine Chrétienne, pour tâcher de remettre[1] la maison de notre séminaire, laquelle est dépourvue de meubles, de provisions pour le ménage, de linge et d’une infinité de choses nécessaires, qui a besoin de beaucoup de réparations et dont les revenus sont très modiques.

Notre-Dame de bon voyage

[156] Nous nous sommes rendu sur les six heures du soir à Notre-Dame de Bon Voyage, à un quart de lieue de Vence, sur le chemin de Grasse, au quartier de Saint-Donat, avec le sieur Dosol, capiscol, le sieur Trastour, chanoine, économe, le sieur Mousnier, prêtre, bénéficier, notre aumônier et le sieur André dont les devanciers ont eu soin depuis longtemps de ladite chapelle. Il continue aussi d’y faire de temps à autre quelques petites réparations. Le voisin de ladite chapelle, qui s’appelle André de Vallon[2] et qui en a ordinairement la clef, nous l’a ouverte. Nous y avons récité les litanies de la Sainte Vierge.

Le sieur André nous a dit qu’il y avait autrefois, au quartier de Saint-Donat, à cent pas environ, une chapelle dédiée à saint Donat, et comme elle tombait en ruine, on se servit des débris et des matériaux pour bâtir celle-ci de Notre-Dame de Bon Voyage. Les voisins contribuèrent à cette dépense et ils firent une quête entre eux à ce sujet.

Le tableau qui est sur du bois représente la Sainte Vierge tenant l’Enfant Jésus. Il parait ancien[3]. On nous a dit que c’est une partie de celui qui était autrefois sur le grand autel de la cathédrale[4].

[157] Sur les gradins, qui sont de plâtre, il y a quatre vases de terre vernissée, deux blancs et rouges, les autres en porcelaine, pour tenir des fleurs. Deux statues de marbre blanc, de la hauteur d’un pan et demi. L’une représente la Sainte Vierge tenant l’Enfant Jésus, l’autre aussi une Vierge. Une croix de bois peint, avec des filets dorés, sans crucifix. Un te igitur et un lavabo usés et effacés qui ont besoin d’être changés. A côté du grand tableau, il y a une image de papier, collée sur de la toile, représentant saint Dominique ; et de l’autre côté, une image aussi de papier et collée de même sur de la toile, représentant l’exposition du Saint-Sacrement. Au-dessus et au-dessous, et à côté de ces images, il y en a d’autres, petites et de peu de valeur, et deux petits

  1. Compléter sans doute : de remettre en état.
  2. De Vallon, patronyme inconnu à Vence. L’ordonnance qui clot la visite rectifie à juste titre en Devaron. (cf. § 280).
  3. On sait que ce tableau, peint par Jacques de Carolis, peintre originaire d’Aix, connu à Brignoles à partir de 1436, a quitté Vence dans les années 1930. Voir Daurelle, Vence et ses monuments, Vence, 1934, p. 196-197, et Labande, dans L’art religieux ancien dans le comté de Nice et en Provence, Exposition du Musée Masséna, Nice, 1932, p. 28-29 et planche V.
  4. Il est en effet remarquable que, pour autant qu’on connaisse l’église de Vence par les visites des évêques aux XVIIe et XVIIIe siècle, le maître-autel soit dépourvu de retable. Le tableau de Carolis a pu être le panneau central d’un polyptyque, dans une église dédiée à la Vierge. Ce renseignement n’en rend la perte que plus sensible.