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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1892-1904, 1905.djvu/55

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Que retient le sommeil dans ses bras paresseux !
Il allait, la voix forte, impérieuse, ardente,
Distribuant à tous leur tâche au bois, aux prés,
Faisant sonner le sol de ses sabots ferrés,
Et par les vieux chemins monologuant sans trêve
Et tout haut, comme pour faire sa part au rêve…
Et je dus à ce grand labeur, moi, songe-creux,
Les livres dont je fus de bonne heure amoureux ;
Je pris à ses forêts, avec un peu de sève,
Les frais gazouillements des sources et des nids
Et le rythme des vents dans les chênes jaunis,
Un peu semblable au bruit des vagues sur la grève…
Sois à jamais béni, mon père ! Je te dois
D’avoir appris à lire et de chérir nos bois.


V



Je t’aperçois aussi dans la maison muette,
Toi qui, plus que les bois encor, me fis poète,
O ma Mère ! et je sens mes regards se mouiller,
Et je voudrais en te nommant m’agenouiller ;
Car je ne t’ai jamais assez aimée, ô sainte !
Je n’ai jamais assez compris, assez payé
De tendresse et de soins ton cœur crucifié.
Et je n’étais pas là lorsque tu t’es éteinte ;