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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/26

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De petit rouge-gorge exilé de ses bois ;
De ton amour pour la suffisance et la pose,
Pour le clinquant, le faux, l’ampoulé, le joli,
De tes engouements fous, de tes dédains sans cause :
Un soir le Panthéon, le lendemain l’oubli.

Adieu. — J’ai peu mêlé les eaux de ma fontaine
À tes mille ruisseaux tous plus ou moins bourbeux ;
Je suis resté fidèle à la chanson lointaine
Que ma mère m’apprit dans nos chemins herbeux,
Lorsque j’allais gardant les brebis ou les bœufs ;
Tes cénacles m’ont vu sur leur seuil, mais à peine,
Et tes salons, jamais, surtout les plus fameux.
Adieu.

       — Je n’ai pourtant contre toi nulle haine,
Car les ans m’ont calmé qui m’ont pris mes cheveux.
Si je t’ai malmené je m’en repens ; et même
Tout près de te quitter j’avouerai, si tu veux,
Que je te dois — en plus de mes vers de blasphème —
Quelques airs que là-bas on répète et qu’on aime,
Parce que, sur les bords de ton fleuve exilé,
Mon âme nostalgique a plus souvent volé
Et plus éperdument vers les cimes natales,