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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/37

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   « Jérusalem, Jérusalem… » Lorsque s’élève,
Le jeudi saint, ce chant qu’un long sanglot achève,
        J’ai toujours des pleurs dans les yeux.
Et je ne pleure point sur la « Cité perfide »,
Mais sur mon âme, aussi rebelle et déicide,
Qui se dérobe à mille appels mystérieux
Et se traîne en la lange, avec la soif des cieux.

   « Jérusalem… » — C’est toi, vieille église rustique
Où j’entendis d’abord, pâle écolier mystique,
        La prose du prophète hébreu,
C’est toi peut-être, pauvre église, que je pleure,
Et ceux qui m’y menaient, qui sont morts à cette heure,
Et l’enfant pure à qui j’ajournais mon aveu,
Si bien qu’elle s’en fut, au loin, épouser Dieu.

   « Jérusalem, Jérusalem… » — C’est toi, peut-être,
Ma foi naïve, un jour morte, et qui veux renaître,
        Sur laquelle je m’attendris.
Oh ! croire, croire encore ! et, la sainte semaine,
Suivre docilement la voix qui vous ramène
Vers le doux Maître au front saignant, aux pieds meurtris,
Qui se donne avec joie à ceux qu’il a repris…