Car, petit-fils d’un serf et fils d’un artisan,
Dès que ton pauvre bras fut tout juste assez ferme
Pour pousser sur ses gonds le portail d’une ferme,
Tu tombas dans les mains d’un âpre paysan,
Qui, t’ayant confié cent brebis et vingt chèvres,
Du matin jusqu’au soir, et tous les jours de l’an,
T’envoya promener ce long troupeau bêlant
Par les ajoncs fleuris où sont tapis les lièvres ;
Car ta plume, ce fut un grand fouet, dont ta main
Cinglait les boucs barbus et les chèvres espiègles
Qui tondaient lestement les orges et les seigles,
Ou les béliers en rut se heurtant en chemin ;
Et tes maîtres, un vieux pâtre apocalyptique,
Qui pour chasser les loups t’enseignait des secrets,
Ou bien le merle noir, vieux rêveur des forêts,
Qui célèbre encor Pan sur sa flûte rustique…
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DÉDICACE