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DÉDICACE


Alors, quoique ton front fût moins haut que leurs cornes,
Tu les accoutumas au joug, à l’aiguillon,
Et ton poignet nerveux poussa dans le sillon
Le vieil araire en bois par la plaine sans bornes…

Et pourtant tes regards cherchaient avec regret
Tes moutons, maintenant aux mains d’un autre pâtre,
Et tout là-bas, au bout de la lande bleuâtre,
— Sombre sur fond d’azur, — la paisible forêt.

Car le bois t’attirait déjà comme il m’attire,
Non point pour y rêver au murmure du vent,
Ni pour entendre — ainsi que je le fais souvent —
Écho fuir en criant l’étreinte d’un satyre,

Mais pour y travailler comme un dur pionnier,
Pour y couper des troncs, pour y tailler des planches,
Pour y faire voler sous ta hache les branches
Qui passent de l’azur au four du charbonnier,