Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/105

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succès qu’obtinrent ces piques, puisqu’il n’est fait mention d’aucun loup frappé par elles.

Les autres engins n’étaient pas plus heureux, et toutes les méthodes expérimentées semblaient frappées d’une inconcevable stérilité.

C’est alors que la Cour se décida à rappeler MM. Denneval.

« Nous venons de recevoir des ordres pour retourner dans nostre patrie, nous partons les larmes aux yeux de n’avoir pu parvenir à réussir dans les mouvements que nous sommes donnés pour vous délivrer du cruel fléau qui désole votre province, j’ay vous puis assurer que nous avons fait à cet égard tout ce qui est possible à l’homme.

« Denneval[1]. »


M. Antoine, dans une lettre du 28 juillet, annonçait leur départ :


« MM. Denneval, suivant les ordres de la Cour, sont partis ce matin ; en vérité, je vous jure, M., que je n’y ai eu aucune part.

« Le père est venu m’embrasser en fondant en larmes. Ce vieillard m’a extrêmement touché. Je luy ai demander de m’avouer la cause de sa disgrâce, il est convenu qu’il avoit manqué à plusieurs personnes de ce païs-cy. Je luy ai dit que j’étois venu dans l’intention de les réconcilier, mais que n’en ayant pas eu le tems, la bombe avoit crevé trop tôt…

« … Donc, Monsieur, que je vous fasse part en secret de ce qui concerne M. Denneval que je regrette plaindre de tout mon cœur, de fuir à son âge, expatrié volontairement de son païs, aux yeux de toute la France, pour faire et entreprendre une action où personne n’avoit songé, je puis vous assurer que s’il n’a pu réussir avant mon arrivée, ce n’est pas sa faute… quoiqu’il aye eu des façons déplacées où il n’a pas connu mon amitié pour luy, ni les avances que je luy ai faittes, ny même son propre avantage. Soyez persuadé, Monsieur, que tout cela ne s’est fait que pour avoir suivi de mauvais conseils dont le malheureux vieillard est la dupe. Je n’aurai jamais de grâce à

  1. Ibid. C. 1734.