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Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/108

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« Comme nous n’avons aucun doute que les derniers habitants qui ont été dévorés ne l’ont été que par des loups, cette fâcheuse connaissance pour les provinces nous oblige à demander des augmentations plus étendues à la Cour que celles avec lesquelles nous sommes arrivés icy[1]. »


Le lendemain, M. Antoine se transporta sur les lieux après avoir reconnu que le pied de l’animal qui avait dévoré l’enfant était celui d’un gros loup, il ordonna une chasse de six paroisses qui fut exécutée le jeudi vingt-six juillet.

Dans cette chasse, le bois d’Auvert fut investi ; l’on en fit sortir un loup qui ne put être tiré.


« Le soir, en se retirant, quelques batteurs trouvèrent le cadavre…

« … M. Antoine ayant voulu prendre le chemin le plus court, son cheval plongea et s’abattit dans un bourbier… Nous nous transportâmes sur les lieux, où était le cadavre à l’entrée de la forêt… Ce cadavre était tout nu, il avait une cuisse d’emportée, l’autre à demie rongée, ainsi que le derrière et les reins, une joue dévorée, le col disloqué sans être coupé, y ayant huit blessures tout autour, l’empreinte de quatre grands crocs au ventre…

« … Je ne saurais, Mgr, vous rendre des témoignages assez étendus sur le zèle dont M. Antoine est animé, sur l’activité avec laquelle il exécute de jour et de nuit ses opérations, et sur l’intelligence qu’il y met. L’on n’a à se plaindre de lui que pour lui-même. Il hasarde tout dans ses courses et va à travers les rochers, les précipices et les marais. Son aventure de jeudi dernier nous causa d’abord les plus vives alarmes. Il ne revint de la chasse du mardi qu’après neuf heures, par une nuit obscure et des sentiers affreux.

« Il serait bien fâcheux qu’il arrivât quelque accident à un aussi galant homme, je ne lui en ai point dissimulé mes craintes et mon frère qui l’accompagne partout ne cesse de lui faire entrevoir les dangers auxquels il s’expose. Monsieur son

  1. Ibid. C. 1734.