Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/110

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dans les endroits seulement où il s’est fait des carnages humains, ce qui seroit prouvé être hors de supercherie.

« Les pluyes, les brouillards épais qui règnent tous les matins et qui durent souvent jusqu’au soir, les foins, les bleds qui ne peuvent être récoltés qu’à la fin d’août, les habitants qui y sont occupés, ce qui fournit toutes leurs ressources, tout cela retarde beaucoup toutes nos opérations.

« Au Besset près Saugues, 27 juillet 1765.

« Antoine[1]. »


M. Antoine était donc bien convaincu que ces bêtes dévorantes n’étaient autres que des loups, et, certes, il était bien placé pour le savoir en connaissance de cause. Toutefois, quelle que pût être sa conviction à ce sujet, le résultat de ses labeurs n’en était aucunement modifié.

Allait-il, comme ses devanciers, se retirer devant ces loups qui demeuraient insaisissables ? Une légitime appréhension commençait à le gagner à mesure qu’une exploration plus complète lui faisait mieux voir les difficultés insurmontables de ces pays sauvages que compliquaient encore les intempéries qui sont le lot ordinaire de ces altitudes.

À sa sollicitation, une nouvelle ordonnance de l’Intendant d’Auvergne, du 23 juillet, édictait de nouvelles prescriptions qui devaient lui faciliter les chasses entreprises.

Enfin, dans un mémoire, trop long pour être cité dans toute sa teneur, qu’il faisait porter par le sieur Regnault, l’un de ses gardes-chasses, à M. de Saint-Florentin, il exposait par le menu, ses observations sur la nature du pays et les secours dont il avait besoin pour chasser avec espérance de succès :


« Il n’y a point de différence entre les traces de la Bête anthropophage que l’on recherche et celles d’un grand loup. Depuis cinquante ans que le Sr Antoine chasse en France, en Allemagne, en Piémont, il n’a jamais vu de pays pareil à celui-ci et aussi difficile, pays de montagnes, coupé de ravins profonds et escarpés, de rochers souvent inaccessibles où les

  1. Archives du Puy-de-Dôme. C. 1735.