Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loup qui a déjà fait plusieurs carnages humains. Je m’en vais retourner à Verderine Saint-Loup en rechercher la tête que les paysans ont emportée. Mon père m’a chargé de vous demander deux cavaliers de maréchaussée pour faire marcher dans les battues les paysans qui refusent la plupart du temps le service…

« De Beauterne[1]. »


Le 8 septembre, une jeune fille du village de la Vachellerie, paroisse de Paulhac, disparaissait soudain vers les sept ou huit heures du soir, et l’on ne retrouvait d’elle que sa coiffure qui avait été rapportée par un berger.

M. Antoine, prévenu à une heure du matin de cet enlèvement, se rendit, trois heures après, avec quatre gardes-chasses et nombre d’habitants, au bois d’Armond, situé à courte distance du village de la Vachellerie pour y faire les recherches nécessaires :


« Nous avons reconnu que cette fille y avoit épluché un petit bâton. Il a été trouvé encore dans la même place un petit morceau d’étoffe de la grandeur de trois à quatre pouces, percé de deux dentées. Ensuite de quoi, les valets des limiers et les dits gardes se sont tous mis à courir le bois. D’abord, ils ont trouvé une partie de vêtement tout déchiré et tout auprès une grande effusion de sang. Plus haut encore, il a été trouvé une partie de juppon toute délabrée par les plis qui étaient séparés, tous percé et remplis de sang. Beaucoup plus haut, dans une place de bruyère, a été trouvé, tout nu, le cadavre de cette fille, la gorge toute percée des crocs de cette cruelle bête, ayant la cuisse gauche toute mangée jusqu’à l’os. Cet animal l’a coupée et rongée tout près de l’emboiture de la hanche, et au ventre il n’a été aperçu que des meurtrissures et des égratignures des ongles que lui a fait cet animal en la dévorant[2] ».


C’était vraiment inconcevable ! M. Antoine avait établi sa résidence au Besset, ses gardes étaient disséminés dans les

  1. Ibid. C. 1736.
  2. Archives du Puy-de-Dôme, C. 1736.