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Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/127

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« L’an 1765, le 21me jour du mois de septembre, nous François Antoine, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, porte-arquebuse du roi, lieutenant des chasses de Sa Majesté, s’étant par ses ordres rendu dans les deux provinces d’Auvergne et du Gévaudan, à l’effet d’y détruire la Bête qui dévore les habitants ; étant accompagné des sieurs Lacoste, garde général, Pélissier, Regnault, Dumoulin, gardes chasses de la capitainerie royale de Saint-Germain, des sieurs Lacour et Rinchard, gardes chasses à cheval de Son Altesse sérénissime Mgr le duc d’Orléans, premier prince du sang, des sieurs Lecteur, Lachenay et Bonnet, gardes chasses de Son Altesse sérénissime Mgr le duc de Penthièvre, prince du sang.

« Ayant été informé que les loups faisoient beaucoup de ravages dans les bois des Dames de l’Abbaye royale des Chazes, j’ai envoyé, le 18 dudit mois, les sieurs Pélissier et Lacour, gardes chasses, et Lafeuille, valet des limiers de la louveterie du roi, avec chacun leurs limiers pour reconnaître les bois de ladite réserve. Et le lendemain, 19 dudit mois, ils nous auroient envoyé avertir par le sieur Bonnet qu’ils auroient vu un gros loup assez près et qu’ils avoient pleine connaissance aussi dans lesdits bois d’une louve avec des louveteaux assez forts. Ce qui nous a fait partir tout de suite pour aller coucher audit lieu des Chazes, distance du Besset de trois petites lieues. Et le lendemain, 21me jour, les dits trois valets des limiers et le nommé Berry, valet des chiens, nous ayant fait rapport qu’ils avoient détourné ledit grand loup, la louve et ses louveteaux dans les bois de Pommier, dépendant de ladite réserve, nous nous y sommes transporté avec tous les gardes chasses et 40 tireurs de la ville de Langeac et des paroisses voisines où après être tous placés pour entourer ledit bois ; ensuite de quoi lesdits valets des limiers et les chiens de la louveterie s’étant mis à fouiller ledit bois, nous François Antoine, ez dits noms, étant placé à un détroit, il me serait venu par un sentier, à la distance de 50 pas, ce grand loup me présentant le côté droit et tournant la tête pour me regarder ; sur le champ, je lui ai tiré un coup de ma canardière chargée de cinq coups de poudre et de 35 postes à loup et d’une balle de calibre, dont l’effort du coup m’a fait reculer deux pas ; mais ledit loup est tombé