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Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/160

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compliments que j’ai l’honneur de vous faire au sujet de la nouvelle année et sans le séparer de la reconnaissance la plus vive sur toutes les bontés que vous avès bien voulu avoir pour moi, lesquelles m’ont prouvé la réussite de ce que le Roi et vos Provinces attendent de tous les efforts que j’ai faits pour y parvenir, et j’ay attendu plus de 100 jours pour pouvoir me flatter moi-même qu’il n’y avoit que ces deux loups qui avoient affecté les deux provinces d’Auvergne et de Gévaudan dont les habitants étoient dans la juste crainte d’être dévorés à tout instant ; mais je suis comblé d’apprendre de toutes parts, entr’autres à M. le marquis d’Espinchal qui arrive, qu’il n’y a plus aucune Bête dévorante dans ces deux provinces et que pour ma propre satisfaction je vous supplie de me faire l’honneur de m’en accorder un certificat signé de votre main tel que j’en ai reçu un de la province de Gévaudan…

« Antoine[1]. »


On ne sait point quelle fut la réponse de l’Intendant.

Il est malaisé, en ce monde, de faire de grandes choses sans être entamé par la critique et l’envie : tandis que M. Bès de la Bessière contestait sa victoire à M. Antoine, un professeur de mathématiques essayait aussi de s’attribuer l’honneur du procédé qui avait vaincu la Bête[2].

  1. Archives du Puy-de-Dôme, C. 1736.
  2. Dans une lettre du 6 avril 1768, le sieur Gravois de Saint-Lubin, maître de mathématiques à Versailles, se plaint de ce que le sieur Antoine s’est servi pour détruire la Bête d’un secret inventé par lui-même et communiqué à la Cour dès le mois de mai 1765 ; il s’agissait « d’une salle cage ou bosquet soit en bois, en fer ou corde, qui sera à jour de toute part ; cette salle sera ainsi construite : elle sera partagée en deux parties, la séparation sera à jour ; une partie sera pour recevoir la Bête dont les portes et planches supérieures seront à coulisses et en état d’arrêter à l’instant la Bête entrante en les laissant tomber ; l’autre partie sera pour mettre les hommes qui seront dans une tranchée pour lâcher le tourniquet sur lequel le « cap de corde sera détenu ». Le petit détroit au bout d’un sentier où les gazettes disent que le sieur Antoine a arrêté et tué la Bête, ne peut être autre chose que le secret en question. « Le fils du sieur Antoine, le jour qu’il a présenté la Bête au Roi, m’a injurié et menacé, dont j’ai informé M. le comte de Noailles, qu’il étoit bien fâché de ce qui m’étoit arrivé, et que je n’avois rien à craindre de cabale. » M. Gra-vois demande à M. l’Intendant d’Auvergne de faire faire une enquête sur les lieux.
    (Inventaire des Archives du Puy-de-Dôme, C. 1740, p. 86 .)