Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en effet, partie rétrécies par la culture, partie dévorées par l’industrie ; ces taillis, jadis d’insolite épaisseur, sont éclaircis et rendus pénétrables ; ces roches abruptes ne peuvent plus se targuer d’être inaccessibles et leurs issues profondes n’ont plus de mystères ; ces ravins et ces gorges étroites s’étonnent d’abriter dans leurs méandres de blanches routes aux innombrables lacets.

Aujourd’hui les chemins de fer font résonner de leurs sifflements aigus et remplissent de leur âcre fumée les rives de la Truyère et les gorges de l’Allier, aux Chazes mêmes. Les armes primitives, jadis employées, — avec quel mépris on les regarderait aujourd’hui, — ont fait place à des instruments perfectionnés qui, avec leur longue portée et leur incroyable précision, ne manquent point leur but et ne sont plus arrêtés par la peau d’un loup.

Aujourd’hui enfin, où un siècle et demi de civilisation à outrance n’a point passé en vain dans ces régions attardées jusqu’alors, les loups, même les plus sagaces, seraient bientôt réduits à merci.

Mais il ne convient pas de juger des temps et des lieux d’autrefois par les temps et les lieux d’aujourd’hui.