Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/217

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Entre temps, des circonstances fortuites rappelaient son nom à l’attention du public.

Dans une étude attachante de Lenôtre, sur Georges Cadoudal (Revue des Deux Mondes, 1er  décembre 1928), on lit ceci : « Sur la porte de l’hôtel de Joseph Bonaparte est placardé cet avis (sic) : Home, femme, enfant, prenez garde, la Bête féroce du Gévaudan est ressuscité. Sa course va de la Malmaison au Thuilery, il sabreuve de sang humain, et partout où il peut entasse les victimes, il est permis de courir dessus. »

Puis, la Bête fut mise sur la scène, à l’Ambigu-Comique de Paris, comme on le verra plus loin dans la Bibliographie qui termine ce chapitre, où il est également montré comment elle obtint les faveurs du roman populaire, et même les honneurs de l’Histoire.

Après les dessinateurs, après les historiens, la poésie vint ajouter son apport au renom de la Bête.

M. François Estaniol était maire de la ville de Saugues, en 1852. À la mairie, l’avaient déjà précédé quelques membres de sa famille. Une fois rendu à la vie privée, il voulut utiliser les loisirs que lui faisait la politique. Il avait l’imagination ardente, la plume féconde et le vers facile. Une complainte avait été déjà écrite par lui, sur la Bête du Gévaudan. Une complainte ! Ce n’était point assez, c’est un large poème qui convenait à ce sujet. Et c’est un long poème qu’il écrivit, en trois chants, d’environ quatre cents pages. Le composer lui fut facile, mais l’imprimer !…

Une souscription fut par lui organisée, et des prospectus envoyés à la ronde :


« Souscrivez donc, rares amateurs, vous trouverez dans un assez gros livre de quoi vous amuser, si ce n’est de quoi vous émerveiller. L’auteur y parle des rois, des princes, du clergé, de la noblesse, du Tiers-État, de tout le monde. Chacun y trouvera maintes choses qui le regardent, qui pourront le faire sérieusement méditer, et quelquefois même rire… Des personnes respectables ayant désiré trouver ici un passage de sa poésie, il croit devoir les satisfaire, en leur présentant l’image de la Bête même.