Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE III

LE MANDEMENT DE L’ÉVÊQUE DE MENDE



En face de ces douloureuses infortunes que ne consolait point l’espérance d’une prochaine délivrance, l’évêque de Mende, Mgr de Choiseul-Beaupré[1] s’était senti ému d’une profonde pitié.

Là où le bras de l’homme était impuissant, l’assistance de Dieu serait peut-être plus efficace. Cette calamité sans précédent n’était-elle point un fléau que le Ciel envoyait pour punir les crimes de la terre ? Et alors ne convenait-il pas de joindre au secours des armes, l’aide de la prière ?

En conséquence, l’Évêque, dans un mandement du 31 décembre 1764, ordonna que le 6 janvier de l’année qui allait s’ouvrir, le Saint-Sacrement serait exposé dans toutes les églises du diocèse, et que les prières publiques des quarante heures seraient récitées.


« Une bête féroce, disait ce mandement, inconnue dans nos climats, y paraît tout à coup comme par miracle, sans qu’on sache d’où elle peut venir. Partout où elle se montre, elle laisse des traces sanglantes de sa cruauté. La frayeur et la consternation se répandent ; les campagnes deviennent désertes, les hommes les plus intrépides sont saisis de frayeur, à la vue de

  1. Mgr. Gab.-Florent de Choiseul-Beaupré, év. de Mende, 1724-1767.