Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/33

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pointues, elle en a deux en forme de défense, comme les sangliers, lesquelles sont extrêmement pointues ; ses jambes de devant sont assez courtes, mais les pattes sont en forme de doigts et armés de longues griffes ; son dos ressemble à celui qu’on nomme requin et cayman, il est couvert d’écailles terminées en pointes ; ses pattes de derrière sont comme celles d’un cheval, et il s’y dresse dessus pour s’élancer sur sa proie ; sa queue est semblable à celle du léopard, et est même un peu plus longue, son corps est de la longueur de celui d’un veau d’un an, couvert de côté et d’autre d’un poil ras de couleur rousse et il n’en a point sous le ventre[1]. »

Il est inutile d’ajouter que l’animal ainsi fantastiquement décrit n’avait de réalité que dans le cerveau des auteurs de la relation citée.

Il ne faut pas s’étonner de voir faire une description aussi fantaisiste par des personnes qui, vivant loin de là, n’avaient jamais aperçu l’animal en question, puisque M. Duhamel qui l’avait lui-même pourchassé, vu et serré de près, dans une lettre à l’Intendant d’Auvergne, en faisait un portrait assez singulier :


« Je vous envoye, M., le détail « exat » de la figure de la Bête féroce après laquelle je cours.

« Cet animal est de la taille d’un taureau d’un an. Il a les pattes aussi fortes que celles d’un ours, avec six griffes à chacune de la longueur d’un doigt, la goeulle (sic) extraordinairement large, le poitrail aussi long que celui d’un léopard, la queue grosse comme le bras est au moins de quatre pieds de longueur, le poil de la bête noirâtre, les yeux de la grandeur de ceux d’un veau et étincelants, les oreilles courtes comme celles d’un loup et droites, le poil du ventre blanchâtre, celui du corps rouge avec une raye noire large de quatre doigts depuis le col jusqu’à la quüe (sic).

« Je crois que vous penserez comme moi, que cet animal est un monstre dont le père est un lion ; reste à savoir quelle en est la mère.

« J’avois reçu des ordres pour rentrer avec mon détache-

  1. Ibid. p. 150. André. Bullet. de la Soc. d’Agr. de la Lozère, 1872. p. 100.