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Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/72

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M. de la Védrines n’avoit tiré son coup de fuzil que sur un gros chien qui s’étoit perdu dans les montagnes[1]… »


L’ordonnance de l’Intendant annonçant la gratification promise, conviait tous les chasseurs à se rendre en Gévaudan et en Auvergne pour la destruction de la Bête. Il en vint, en effet, des provinces voisines, mais leur bonne volonté ne tint pas longtemps contre les difficultés de l’entreprise :


« Ils viennent, disait M. Lafont, avec la meilleure volonté, ils chassent quinze jours ou trois semaines, et après avoir essuyé bien des fatigues, s’en retournent chez eux très dégoûtés. »


Il ne restait donc en présence que M. Duhamel et MM. Denneval. On a vu comment la bonne entente ne régnait point entre eux et combien leurs rapports étaient tendus.

Le premier continuait avec ses dragons ses battues ordinaires. Les seconds prétendaient toujours que ces courses infructueuses mettaient la Bête en fuite et la rendaient fort difficile à approcher.

M. de Montcan soutenait Duhamel ; la Cour, au contraire, avait une plus grande confiance dans l’expérience et l’habileté de Denneval et comptait davantage sur son concours pour le succès.

Celui-ci qui le savait, voulait interdire la chasse à son adversaire, et le faire rappeler dans ses quartiers.

M. Lafont vint exprès sur les lieux pour essayer de concilier leurs opérations, mais son intervention n’eut aucun succès.

Bien plus, MM. Denneval voulaient rendre la chasse exclusive et en garder pour eux seuls le privilège, alléguant que des lettres de la Cour leur donnaient cette faculté. Mais M. Lafont leur fit observer que d’après les placards apposés la chasse était ouverte à tous, et que chacun, avec un certificat donné par lui, avait le droit de poursuivre la Bête. Cette mesure n’était d’ailleurs pas inutile à cause de la grande étendue de pays que le monstre parcourait en peu de temps.

  1. Lettre de M. Marie, correspondant de la subdélégation à Langeac. Archiv. du P.-de-D. C. 1732.