Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/90

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aventuriers au milieu des pots et des verres, et de concert avec tous les crapuleux de cette folle cité.[1] »


Ces récriminations, quoique inséparables d’une certaine exagération, avaient un fonds de vérité.

Aussi Denneval sentant que la sympathie des populations commençait à lui échapper, pour la regagner, allait donner au monstre une chasse active et sans intermittence.

Le 1er mai, du côté de Saint-Alban, MM. Marlet de la Chaumette, virent la Bête dans un pâturage, la poursuivirent, la tirèrent et la blessèrent, de telle sorte que dans sa fuite elle perdait beaucoup de sang. Denneval vint avec ses chiens continuer les poursuites, mais sans aucun résultat.

Le 6 mai, chasse générale. La Bête est levée près du Villaret, paroisse de Chanaleilles, elle est tirée, mais elle s’échappe encore.

Le 12, nouvelle chasse. Deux loups furent tirés à soixante pas. « Dans la battue qui s’est faite aujourd’hui, M. de Rochemure avec deux autres particuliers de la paroisse de Grèzes ont tiré trois coups sur un animal qu’ils ont assuré être la Bête du Gévaudan, sans le blesser, et un jeune homme qui en fut blessé il y a quelque temps nous a dit que c’étoit la même qui l’avoit dévoré[2]. »


On fait encore une battue le 16, mais sans succès. Comme aucune victime n’était signalée depuis le 2 mai, ce qui semblait extraordinaire, étant donnée la multiplicité de ses attaques, on crut que l’animal avait succombé aux blessures reçues au premier mai.

« Malzieu, 18 may.

« Je crois qu’il est arrivé quelque sinistre événement à la Beste en question, depuis le 2 de ce mois nous n’avons appris aucune nouvelle qu’elle ait fait meurtre, ni mesme qu’elle ait attaqué personne, ce qui pourrait nous faire conjecturer que les blessures qu’elles a reçues la veille par MM. de la Chau-

  1. Pourcher, p. 562-563.
  2. Archiv. du P.-de-D. C. 1733. Lettre de M. de Montluc, du 12 mai.