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Une sourde rivalité régnait entre la fiancée de Blandy et les filles d’honneur. Qui d’entre elles aurait la plus brillante toilette, le jour du mariage ? Chacune des filles d’honneur méditait d’éclipser la mariée, et celle-ci ne voulait rien épargner pour remporter la palme. L’important pour cela, c’était de tenir secret jusqu’au grand jour le feu d’artifice principal. Mais il est difficile, même à une femme, de cacher quelque chose à d’autres femmes qui sont décidées à tout savoir. On se disait donc déjà à l’oreille quelle étoffe Mademoiselle Perret avait choisie pour sa robe de noces.

De plus sérieuses pensées remplissaient l’esprit de Blandy. Il songeait au contrat de mariage, il s’inquiétait de la dot. Plusieurs fois, en faisant le tour de la montagne, il avait tenté d’amener M. Perret sur ce terrain ; mais le bonhomme n’avait point paru entendre de cette oreille-là. De guerre lasse, il s’était adressé à Mme. Perret. Elle lui avait donné de vagues espérances, en y ajoutant un étourdissant éloge de l’avenir qui l’attendait comme médecin des bonnes familles et des malades élégants.

Mademoiselle Perret en savait-elle quelque chose ? Il tenta de l’effrayer par une sombre peinture de sa position, par un sermon sur l’économie qui devrait de toute nécessité régner dans le jeune ménage. Elle parut fort rassurée et ne dit mot.

Si M. Perret méditait de déposer un don de £15,000 dans la corbeille de mariage, le secret était bien gardé.

Le jour du contrat de mariage arriva enfin. Les parents des deux côtés, les garçons et les filles d’honneur y avaient été invités et se trouvaient assemblés dans le salon de M. Perret.

La physionomie de la réunion était curieuse à observer. Une seule pensée agitait tous les esprits, une question muette se posait sur toutes les lèvres : quel dot M. Perret allait-il donner à sa fille ?