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LA VIEILLE RUE NOTRE-DAME.


Montréal, 1er mai 1802.


Il y a dix ans que je fus admis à flâner dans la rue Notre-Dame et à étudier le Droit. De ces deux professions que j’embrassais avec une inégale ardeur, il en est une au moins dont j’ai pratiqué tous les faciles devoirs avec une consciencieuse fidélité. Dans l’une, j’ai été clerc, et clerc médiocre, lisant Pothier lorsque c’était la prose légale de mes patrons que je devais transcrire de ma moins mauvaise écriture, et lisant Châteaubriand lorsque je devais lire Pothier ; mais dans la profession de flâneur, j’ai été maître dès le premier jour. À première vue, j’ai adopté la rue Notre-Dame, et la rue Notre-Dame m’a adopté. Tous les jours, beau temps, mauvais temps, pluie, neige, le 2 décembre comme le 24 février, le 24 mai comme le 24 juin, je n’ai pas failli à la tentation, au devoir, de me promener rue Notre-Dame, de quatre heures à cinq.