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FERDINAND FABRE

JULIEN SAVIGNAC

(FRAGMENT)



Au mois de septembre 1855, après une excursion dans les bois de Celle-Saint-Cloud, deux amis, Julien Savignac et Louis Vernier, s’étaient assis dans les belles châtaigneraies qui s’étendent entre le nouveau village de la Jonchère et Bougival. Le soleil déclinait vers le couchant, et ses derniers rayons, pénétrant comme des flèches à travers les arbres encore feuillus, zébraient le sol de toutes sortes de rayures éclatantes. Le silence était profond ; de temps à autre seulement, un cri d’oiseau ou l’aboiement lointain d’un chien de chasse attardé sur quelque piste, venait l’interrompre. La Seine, si bruyante aux environs de l’île d’Aligre, se taisait, et son miroir, pacifique et calme, que ne troublait plus le passage des bateaux à vapeur, apparaissait à travers les ramures fauves des châtaigniers dans toute la sérénité d’un lac. Julien, qui toute la journée avait été d’une mélancolie noire, se tourna soudainement vers son ami avec un visage souriant.

« N’est-il pas vrai, lui dit-il, que, si ce n’était le mont Valérien qui vous poursuit comme un cauchemar, on se croirait ici à cent lieues de Paris ?

Anthologie Contemporaine.
Vol. 37. Série IV (N° 1).