silence. Si compacte qu’il soit, le bois éprouve tôt ou tard de profondes altérations, au grand préjudice de nos charpentes. Divers insectes, à l’état de larves, s’en nourrissent ; des plantes cellulaires, champignons, moisissures, byssus, s’y développent. Ainsi labouré en tous sens par les larves qui s’y creusent des galeries et miné fibre à fibre par la végétation parasite, le bois ne tarde pas à s’imprégner d’air et d’humidité et à devenir le foyer d’une altération lente, dont le résultat final est l’humus ou terreau, cette poussière brune que vous avez eue si souvent occasion de voir dans les vieux troncs caverneux. Le bois immergé dans les eaux de la mer est livré à d’autres destructeurs, les tarets, mollusques qui le perforent et le criblent de trous de manière à le rendre en peu de temps semblable à une éponge. C’est pour prévenir les ravages des tarets que les navires en bois sont doublés de lames de cuivre dans la partie immergée.
Ces causes d’altération disparaissent ou sont du moins très-amoindries si le tissu ligneux est artificiellement imprégné de certaines substances qui empêchent l’attaque par les insectes et la pourriture. Parmi ces substances, je vous citerai la couperose bleue ou sulfate de cuivre, composé très-vénéneux, et le pyrolignite de fer, que l’on obtient en faisant dissoudre de la vieille ferraille dans du vinaigre à bas prix donné par la distillation du bois. Pour introduire ces agents préservateurs, on les fait absorber par l’arbre, à l’état de dissolution dans l’eau. À la base du tronc, encore debout et muni de son feuillage, quelques incisions sont pratiquées, autour desquelles on dispose une large bande de toile imperméable, liée haut et bas et formant une poche circulaire qui, par un tube, reçoit, d’un réservoir, la liqueur préservatrice. L’évaporation dont le feuillage est le siége provoque une puissante aspiration, qui porte le liquide jusqu’au sommet de l’arbre et le fait pénétrer dans les moindres interstices du bois. Si le tronc gît à terre, coupé à ses deux extrémités, on en-