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Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/121

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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

blâme. Je sais que la buse ne se gêne pas, quand une belle occasion se présente, pour achever un levraut blessé ; je sais aussi qu’en temps de neige, pressée par la faim, elle enlève le petit poulet qui s’émancipe hors de la basse-cour. Mais que sont ces rares larcins en comparaison des milliers de rongeurs de toute espèce dont elle purge nos champs ! En quelque saison que l’on ouvre le jabot d’une buse, on est certain d’y trouver par douzaines, souris, mulots et campagnols. Si j’avais un champ ravagé par ces rongeurs, je m’empresserais d’y établir quelques morceaux de tronc d’arbre, pour servir de juchoirs et de points d’observation aux buses dans leurs patientes chasses.

La buse bondrée ou tout simplement la bondrée est encore un oiseau fort utile, qui se nourrit de larves, de chenilles, d’insectes, et particulièrement de guêpes.

Émile. — De ces guêpes qui font tant de mal quand elles piquent ?

Paul. — Oui, mon ami, la bondrée est friande des guêpes, dont la piqûre est si douloureuse ; elle les avale sans nul souci de leur aiguillon, comme le hérisson mange la vipère sans se préoccuper de ses crochets venimeux. Elle assaille leurs nids à coups de bec pour extraire les nymphes des cellules, elles apporter, tendres et grasses, à ses petits.

La bondrée est un peu moindre que la buse commune. Son dos est brun ; la gorge est d’un blanc jaunâtre, avec des lignes brunes ; la poitrine et le ventre blancs et mouchetés de taches obscures en forme de cœur. La queue est traversée par trois larges bandes sombres. Le bec est noir. Enfin la tête du vieux mâle est d’un gris bleu. La bondrée niche dans les bois, sur les arbres élevés. Ses œufs sont assez petits, d’un blanc jaunâtre, marqués de grandes taches brunes, parfois si nombreuses que le fond s’aperçoit à peine.

La buse pattue a les pieds revêtus de longues plumes, comme certaines races de pigeons portant la même dénomination. Elle fréquente les bords des rivières, les plaines incultes, les bois, et vit de mulots, de taupes, de reptiles, au besoin d’insectes.

Terminons là notre conversation sur les oiseaux de proie. Je vous ai fait connaître les principaux rapaces, tant diurnes que nocturnes ; je vous ai dit leurs mœurs, leur nourriture, les services qu’ils nous rendent ou les dommages qu’ils nous